Perplexe sur la médiation au sein de l'usine, SUD-Chimie dénonce une « dictature » exercée par la CGT et son refus de monter un comité de lutte, comme chez Continental.
« La dictature est de retour... » La critique montait depuis plusieurs semaines à l'encontre de la CGT, et singulièrement de son secrétaire Mickaël Wamen. SUD-Chimie vient de l'exprimer dans un tract.
Le communiqué intervient alors que la justice a ordonné en début de semaine la poursuite de la médiation entre la direction d'une part, et le syndicat majoritaire ainsi que le CCE, d'autre part.
Si la démarche a déjà permis de dégeler le dialogue au sein de l'usine, SUD parle plutôt « de discussions de comptoir », voire de « réunions officieuses aux comptes rendus insipides. » Des réunions qui feraient même le jeu du groupe, observe SUD. Car la direction en profiterait pour faire avancer son projet de plan social, « qu'elle saucissonne. » Lors de la première médiation, plusieurs chiffres ont été rappelés : entre 2007 et mai 2009, 195 personnes ont quitté l'usine. Et aujourd'hui 329 ont plus de 52 ans... Présentée ainsi, l'addition pourrait ressembler en effet à un plan social déguisé.
Un forum sur le net
Pour la CGT, se concentrer sur les départs des seniors sera justement une priorité, alors qu'elle vient également d'obtenir la mise en place d'une assistante sociale dans l'usine. En revanche, le syndicat l'assure : toute discussion sur le fond du PSE se fera le cas échéant par les instances représentatives du personnel.
Il n'empêche, s'exprimer, c'est s'exposer à de violentes critiques verbales, maintient SUD. Qui n'est pas le seul à le regretter. Sur le forum « Exprime-toi.net », dédié aux salariés de Goodyear et Dunlop, les points de vue divergents ont fait déjà l'objet de retours parfois injurieux de la part de la CGT.
Et dans l'usine, certains hésiteraient à émettre des critiques, rapporte le forum. L'appel à la grève du 20 octobre par exemple, pour empêcher Titan de rentrer, n'a pas été digéré. Car la visite du repreneur a pu finalement se faire 15 jours après (N.D.L.R. : sur demande de la justice). « Les gens ont perdu une journée, mais personne n'ose leur reprocher la grève en face », a écrit un internaute.
« Polémiques inutiles »
Depuis plusieurs mois, l'idée de monter un comité de lutte, comme chez Continental (avec consultation des salariés à chaque étape importante du conflit), a été freinée par la CGT. Si un compte a bien été ouvert pour gérer les subventions publiques utiles aux frais d'avocats du CE, le syndicat s'en tient à sa large victoire lors des dernières élections professionnelles et à ses succès en justice pour justifier sa position de pilote unique. « On sent l'angoisse à plein nez. Les ateliers se meurent. Les salariés souffrent de ne pas savoir ce qui se passe exactement », constate SUD Chimie. « Si rien de positif ne sort de ces réunions, ça va mal se passer. »
En retour, la CGT assure qu'elle ne répondra à aucune attaque. Ce qui ne l'empêche pas d'être cinglante : « Certains en mal de reconnaissance et qui depuis des années ne font qu'aboyer, voudraient que nous rentrions dans des polémiques inutiles. Mais nous n'avons pas de temps pour ça. Les "Poulidor" du syndicalisme ont du mal à avaler que notre travail nous permet d'être sur tous les fronts. »