Jeudi 18 Juin 2009
AMIENS
Dunlop est « quasi à pleine capacité »
L'usine a déjà reçu 5 millions d'euros d'investissements. (Photo d'archives)
Alors que l'usine Goodyear concentre l'attention, la direction tenait
mercredi à vanter les mérites de son site voisin, qui vient de sortir
son 600 000e pneu « Efficient grip » de haute technologie.
« Ce qui arrive à côté m'attriste. En même temps je me réjouis de ce qui se passe ici. »
Pierre Novikoff, le directeur de l'usine Dunlop recevait la presse
mercredi. Objectif : rééquilibrer l'actualité amiénoise de son groupe,
où quand une usine vit dans la crainte d'un plan social, l'autre
consacre un tiers de sa production à des pneus « Efficient grip » de
dernière génération, dont le 600 000e est d'ailleurs sorti des chaînes
hier.
Pour en arriver là, les salariés en ont payé le prix fort, en
validant majoritairement un nouveau rythme de travail en 4 X 8 pour
sauver leurs emplois. Un calcul d'avenir ?
- Outre Amiens, d'autres usines fabriquent-elles aussi ces pneus ?
Pierre Novikoff : « Oui, en Allemagne et en Slovénie. À Amiens
sud, nous réalisons des gros volumes, parce que nous avons le
savoir-faire. D'ailleurs, leur industrialisation s'est faite chez nous
plus vite que dans les autres sites. Nous sommes encore en dessous de
notre niveau de production prévu, mais ce n'est pas à cause de la crise
sur le marché. C'est lié à des contraintes de mise en œuvre de ce
produit technologique. Nous avons une problématique de croissance.
L'usine est quasi à pleine capacité. Et il n'y a pas d'inquiétude sur
du chômage partiel pour l'usine. »
- Le groupe a promis 26 millions d'euros d'investissement (sur 3
ans) dans l'usine. Quand il en met 200 millions en Pologne, n'a-t-on
pas des raisons de s'inquiéter pour l'avenir d'Amiens sud ?
« Nous sommes en train de franchir ici un pas de géant. Cinq millions
ont déjà été réalisés pour acquérir des presses, une machine à rayon X
et pour moderniser deux lignes de « mélangeage ». La conjoncture
retarde un peu le plan, mais il reste confirmé au plus haut niveau du
groupe. Nous sommes même plutôt bien lotis par rapport à d'autres sites
en Europe. Quant à la Pologne, contrairement à Amiens, on partait
là-bas de loin pour monter un vrai site de pneus poids lourds. »
- Les détracteurs des 4 X 8 parlent d'un absentéisme en hausse...
« Je n'ai pas constaté plus d'absentéisme qu'avant depuis leur
lancement en janvier. La perception des 4 X 8 est perturbée parce
qu'elle place en permanence 10 % des effectifs en RTT. D'où cette
impression. »
« Il n'en reste pas moins que cette nouvelle organisation du travail
était nécessaire. Ne serait-ce que pour ouvrir l'usine 350 jours au
lieu de 326 auparavant. Ceci dit, les 4 X 8 sont un bouleversement
profond pour les salariés. S'ils sont moins contraignants en poste
physiquement que l'ancien système, ils le sont davantage mentalement,
parce qu'ils donnent le sentiment d'être toujours au travail. »
« D'un autre côté, les salariés jadis en « SDL » redécouvrent les
week-ends libres. Il faut se souvenir aussi qu'avant, ceux-ci
travaillaient deux fois 12 heures les samedis et dimanches, puis 8
heures le lundi. Ce qui était exténuant. »
Propos recueillis par GAËL RIVALLAIN