Vendredi 19 Mars 2010
AMIENS Dunlop : grève prolongée jusqu'à lundi
Une centaine de salariés s'est rassemblée hier matin pour manifester, dans le calme, son mécontentement.
publicité Mobilisés depuis le 11 mars pour obtenir 2 % de hausse des salaires, « en juste retour » du travail en 4 X 8, des salariés ont débrayé hier matin. La direction s'en tient toujours à +1 %.
«Les gens sont fatigués avec le rythme de travail en 4 X 8. Ils attendaient un juste retour des choses lors des négociations annuelles obligatoires. Mais là, rien ! Il faut que la direction donne un signe pour remotiver la base. »
Comme cet ouvrier, employé depuis 10 ans chez Dunlop, ils étaient une grosse centaine ce matin à manifester dans l'enceinte de l'usine pour protester contre la hausse des salaires limitée à 1 % cette année (Notre édition d'hier).
« C'est plus qu'inacceptable ! Si nous avons signé les 4 X 8, c'était bien pour sauver les emplois », continue de rappeler Thierry Récoupé, délégué CFTC. Qui sent autant monter la colère dans les ateliers, qu'un durcissement du « management », « à l'image de celui qui se pratique chez nos voisins de Goodyear. »
5300 postes en trop dans le caoutchouc
Entamée le 11 mars, la grève tournante (de 1 à 8 heures au choix) est reconduite jusqu'à ce lundi (5 heures du matin), pour forcer la direction à revenir négocier. « Ce qui est juridiquement encore possible », sachant que « les salariés ne descendront pas sous la barre des 2 % », insiste le délégué. Thierry Récoupé en appelle toujours aussi « au syndicat majoritaire (l'UNSA qui ne se joint pas au mouvement, NDLR), pour qu'il fasse son travail. »
Du côté de la direction, les positions ne changent pas non plus. Les « NAO » sont closes et bien closes. Pourtant, calcule la CFTC, les 13 500 pneus non produits depuis une semaine, ont déjà coûté plus cher au groupe pour cette année que les 15 à 17 euros bruts individuels supplémentaires réclamés par les salariés.
Dans la mesure où le marché de l'automobile se porte mal, l'entreprise en a-t-elle seulement les moyens ? L'argument est opposé par la direction et repris par l'UNSA. « Chez Goodyear à côté le site perd de l'argent tous les jours et ça n'inquiète personne », rétorque Thierry Récoupé. À l'échelle mondiale, le dernier trimestre a marqué un redémarrage pour Goodyear-Dunlop, à la faveur d'une croissance de la demande dans les pays émergents, mais aussi de mesures internes d'austérité. Le groupe a notamment supprimé 5 700 emplois en 2009.
Un récent rapport commandé par le ministère de l'Industrie évalue pour sa part à 35 000 les emplois détruits dans la branche automobile l'an dernier. Une saignée qui devrait d'ailleurs continuer. Le même rapport estime à 5 300 postes les sureffectifs dans le secteur du caoutchouc en France, sur un total de 46 500.