Bagarre juridique chez Goodyear
Licenciements . Face aux menaces de fermeture du site d’Amiens Nord, les syndicats demandent au tribunal la suspension de la procédure.
Vendredi, au tribunal de grande instance de Nanterre, direction de Goodyear-Dunlop et salariés d’Amiens Nord se sont retrouvés une fois de plus face à face. Alors que la société américaine envisage la suppression de 817 postes sur les 1 400 que compte cette usine de pneumatiques, l’avocat des salariés, Me Fiodor Rilov, accuse Goodyear de vouloir « isoler la restructuration du site d’Amiens, alors qu’elle n’est que le volet français d’une restructuration internationale ». Pour lui, la procédure obligatoire d’information-consultation à l’échelle européenne n’a pas été effectuée régulièrement. Pour cette raison, les syndicats en réclament la « suspension ». Les salariés reprochent également aux dirigeants de « se soustraire à l’obligation d’information du comité central d’entreprise ». Et l’avocat d’indiquer que « sans être informés, les salariés ne peuvent pas consentir aux dispositifs prévus pour accompagner les suppressions d’emplois ».
Me Eric Sorel, chargé de la défense de Goodyear, réfute en bloc les irrégularités procédurales et le manque d’informations : « Les difficultés ont été annoncées dès 2006. »
Me Fiodor Rilov dénonce l’incohérence de la restructuration : « Trois plans sociaux ont déjà été annoncés depuis 2006, avec des variations du nombre des suppressions d’emplois. L’employeur prétend que la production pneus tourisme de notre site menace à elle seule sa compétitivité. Ce n’est pas un motif de licenciement ! » Il relève la déclaration récente d’un dirigeant, qui affirmait que, malgré la baisse globale de l’activité économique, « Goodyear gagne des parts de marché ». Me Eric Sorel réplique : « La situation de Goodyear n’est pas florissante. Les pertes se sont élevées en 2008 à 70 millions de dollars, et à 330 millions au 1er semestre 2009 ».
Après l’audience, Michaël Wamen, délégué CGT, rassure les 200 manifestants, rassemblés devant le tribunal : « Avec notre mobilisation et celle des autres salariés concernés, on va échapper à ce projet, qui n’a aucune motivation économique valable. » Aux journalistes, il explique : « On n’espère pas 50 000 euros ; on veut garder notre boulot, notre vie de famille. » Le délibéré est fixé au 28 août.